La collection Nelson : de la littérature à la décoration
Mardi 15 novembre 2005Nostalgie, douceur, charme et raffinement
Qui n’a jamais tenu dans ses mains un livre de la collection Nelson ?
Cet ancêtre du livre de poche, avec son élégante reliure cartonnée en percaline couleur ivoire et son titre présenté dans un médaillon Art Déco vert et mauve entouré d’une guirlande, a démarré sa publication en 1927. Son petit format, 16 x 11 cm, ses volumes compacts et sa jolie présentation furent les clés de son succès. Ils étaient à l’origine agrémentés d’une jaquette illustrée. Rares sont ceux qui ont encore leur jaquette aujourd’hui. Mais ce qui compte vraiment, n’est-ce pas finalement ce qu’il y a à l’intérieur ?
Albert Camus en parle très bien dans “Le premier homme” :
“[...] La manière dont le livre était imprimé renseignait déjà le lecteur sur le plaisir qu’il allait en tirer. Pierre et Jacques n’aimaient pas les compositions larges avec de grandes marges, où les auteurs et les lecteurs raffinés se complaisent, mais les pages pleines de petits caractères courant le long de lignes étroitement justifiées, remplies à ras bord de mots et de phrases [...]. Chaque livre, en outre, avait une odeur particulière selon le papier où il était imprimé, odeur fine, secrète, dans chaque cas, mais si singulière que Jacques aurait pu distinguer les yeux fermés un livre de la collection Nelson des éditions courantes que publiait alors Fasquelle. Et chacune de ces odeurs, avant même que la lecture fût commencée, ravissait Jacques dans un autre univers plein de promesses déjà tenues qui commençait déjà dâ??obscurcir la pièce où il se tenait, de supprimer le quartier lui-même et ses bruits, la ville et le monde entier qui allait disparaître totalement aussitôt la lecture commencée avec une avidité folle, exaltée, qui finissait par jeter lâ??enfant dans une totale ivresse dont des ordres répétés nâ??arrivaient même pas à le tirer. «Jacques, mets la table, pour la troisième fois.» Il mettait enfin la table, le regard vide et décoloré, un peu hagard, comme intoxiqué de lecture, il reprenait son livre comme sâ??il ne lâ??avait jamais abandonné. «Jacques, mange» il mangeait enfin une nourriture qui, malgré son épaisseur, lui semblait moins réelle et moins solide que celle quâ??il trouvait dans les livres, puis il débarrassait et reprenait le livre. [...]“.
Enfant, j’admirais aussi beaucoup ces petits livres de la collection Nelson. J’étais fascinée par le N majuscule. Je rêvais que ces livres avaient appartenu à Napoleon ou à l’amiral Nelson. Leur fin papier les rendait encore plus précieux et délicats. Plus tard, je sus que la véritable raison de leur présence dans ma chambre d’enfant était ce N, comme Nathalie. Ma mère avait déniché chez un brocanteur une jolie collection de livres pour décorer ma chambre et un moyen de me faire découvrir les plaisirs de la lecture. Et je suis sûre qu’il y a encore beaucoup de maman qui aiment décorer la chambre de leurs enfants avec l’idée non seulement de leur transmettre le goût des belles choses, mais en plus de leur donner la chance de découvrir par eux-mêmes les “Contes du Lundi“, une “Petite anthologie des poètes français” ou l’histoire de “Paul et Virginie“.
Pour parfaire la décoration de la chambre des enfants, dans le même goût que les volumes des éditions Nelson, que diriez-vous de ces deux jolies gravures de mode ? Accrochées l’une au dessus de l’autre sur un gros ruban de satin bleu, avec un beau noeud pour cacher le clou : n’est-ce pas ravissant !